vendredi 17 décembre 2010

Pourquoi combattre le capitalisme : Ce que les libertariens et la droite refusent d'admettre.

Certains individus, dont les libertariens refusent de constater que le capitalisme entraîne le capital et donc le pouvoir à se monopoliser sans cesse d’avantage entre les mains de moins en moins d'individu. Pourtant, il existe une panoplie d'arguments et de processus logiques qui prouvent qu'à moyen ou à long terme, en régime capitaliste, le capital social sera tôt ou tard monopolisé par une clique très restreinte d'individu. Ce futur, semblable au capitalisme d’État que l’on a appelé ‘communisme’ au 20e siècle est et sera antagoniste à toute forme de démocratie.

Par exemple, on le voit dans la gestion gouvernementale et la gestion d'entreprise, une gestion centralisée assure des frais de gestion moindres. C'est justement l'argument qui fut utilisé pour vendre l'idée de la fusion des municipalités au Québec. Pourtant, la démocratie comme expression du simple citoyen en a souffert car les décisions qui concernent l’individu se prennent de plus en plus bureaucratiquement, loin de l’individu lui-même. Cette logique de rentabilité par la centralisation n’existe pas seulement au niveau étatique, mais également au niveau des entreprises. Le simple soucis d'efficacité encourage une centralisation des décisions et du pouvoir des entreprises et donc du pouvoir économique. Le capitalisme, en se développant, centralise les décisions économiques, peu importe les gouvernements au pouvoir.

Les avancées technologiques viennent également accentuer le clivage : il est évident qu'une entreprise doit investir dans l'innovation technologique et l'amélioration de ses moyens de production pour faire face à la compétition. Pourtant, ce ne sont que les entreprises qui auront les moyens d'investir qui pourront le faire. Si vous ajoutez à cela le jeu de fusion entre entreprises qui est nécessaire au progrès capitaliste, cela engendrera encore une centralisation des décisions économiques des entreprises. Ce n'est pas une mauvaise chose en soit, surtout si on ne prend en considération que l'efficacité sur l'investissement, mais il y a quand même centralisation du pouvoir économique et donc perte de pouvoir du simple citoyen sur son sort économique.

Mis à part le jeu de la concurrence qui entraîne inévitablement une concentration de la richesse et du pouvoir, il faut également prendre en compte la situation des investisseurs. Les investisseurs n'ont pas toujours existé. Autrefois, on produisait une marchandise, puis on l'échangeait contre de l'argent (la formule de cet échange est donc M-A, marchandise contre argent). Suite au développement de la concentration de la richesse, cette formule prédominante a été graduellement transformée par A-M-A+, c'est à dire un investisseur étranger qui investi pour que des travailleurs produisent une marchandise et ensuite l'échanger contre une somme d'argent supérieure au montant investi à l'origine cumulé aux dépenses engendrées par la production. Par le développement des bourses et des stratégies de placement, la formule moderne prédominante est maintenant devenue A-A+. On place de l'argent dans un compte de placement et on en retire un bénéfice par l'intérêt. Évidemment, il faut un Capital d'investissement pour participer à ce processus. Il est donc réservé à une certaine élite financière et par le jeu de la compétition, tout placement négatif sera bénéfique à un investissement concurrentiel et le processus viendra accentuer la concentration du capital social entre les possédants de capitaux eux-mêmes.

Par contre, l'un des processus le plus éloquent de concentration du capital est l'épargne sur l'achat massif d’une quantité de produits. Par exemple, quelqu'un veut acheter des pommes. Le prix par pomme sera différent s'il achète une pomme à l'unité, un sac de 10 pommes ou une poche de 100lb de pommes. Même s'il s'agit des même pommes, il sera avantageux d'acheter le plus de pommes possibles. Ce processus est inhérent au système de marché capitaliste, dans tous les domaines de l'économie et tend évidemment à favoriser ceux qui ont les moyens d'acheter en gros, comme WallMart.

La monopolisation n'est pas une mauvaise chose en soit, c'est la façon anarchique dont elle est gérée qui est mauvaise. Par exemple, WallMart est le meilleur système de distribution des produits : vous pouvez acheter tout ce que vous voulez à la même place, à des prix plus bas qu'ailleurs puisqu'ils achètent en gros de leurs fournisseurs. N'est-ce pas là le paradis du consommateur? Même le producteur y est gagnant puisqu'il peut vendre la totalité de sa marchandise à un seul énorme détaillant et donc beaucoup moins de gestion et de risque économique. Pourtant, les répercussions sur la diversité économique sont désastreuses puisque ce merveilleux mode de distribution de marchandise est centralisé et joui d'un quasi-monopole qui s'accentuera à mesure que le système capitaliste se développera.

Dans le cas où il y aurait monopole dans un secteur économique, le monopole en question a tous les pouvoirs de fixation des prix. C'est à dire que même s'il y a une forte demande pour un produit, le monopole peut décider de limiter la production (fermer des usines) pour créer une rareté, faire gonfler les prix et ainsi augmenter sa marge de profit. Moins de dépenses, plus de profits, n'est-ce pas là le rêve de tout investisseur?

Les libertariens prétendent que la simple application de la loi du marché (l’offre et la demande), si elle n’était pas entravée par les interventions des États, tendrait à briser les monopoles capitalistes, industriels et financiers. Pourtant, au 19e siècle, l’État était pratiquement absent de toutes les sphères économiques et pourtant, des monopoles nationaux sont nés. Selon nous, c’est justement ces monopoles nationaux qui ont utilisé les États à la fin du 18e siècle pour créer des mesures protectionnistes et douanières pour protéger les bourgeoisies nationales. Ce sont ces différentes barrières économiques qui força les différents blocs économiques de l’époque à entrer en guerre et de former ainsi la première guerre mondiale. Le fascisme est justement la fusion entre l’intérêt de la bourgeoisie nationale et l’intérêt de l’État. On constate aujourd’hui que le fascisme est mondialisé : tous les États du monde, même les États-Unis qui ont toujours prôné la non intervention de l’État dans l’économie est prêt à tout pour protéger sa bourgeoisie nationale.

Maintenant que les intérêts économiques de la bourgeoisie sont mondialisés, elle n’a plus besoins des États nationaux pour se défendre d’elle-même. Les États sont même devenus une entrave à sa domination complète. Ce ne sont pas les États qui ont engendrées les monopoles capitalistes mais bien le capitalisme lui-même. Les États ont toujours étés des outils pour que la classe dominante puisse asseoir sont pouvoir. Autrefois la classe dominante était nationale, elle est aujourd’hui mondiale. On constate que les États nationaux sont de plus en plus vétustes et inutiles, en contre-partie, les instances internationales comme l’OTAN, le G20, le FMI, la Banque Mondiale et l’ONU prennent de plus en plus d’importance dans les décisions économiques. Dans ce cas-ci, ce n’est plus du fascisme car ce n’est pas nationaliste, mais c’est une forme de fascisme mondial. Dans tout ce processus, l’action de l’individu en tant que citoyen et le respect de son intégrité est totalement ignoré. Même si le capitalisme a joué un rôle éminemment révolutionnaire dans l’Histoire de l’Humanité, il démontre maintenant ses limites : il n’arrive plus à distribuer convenablement les responsabilités, les tâches et les richesses. Il ne permet plus à l’Homme de s’épanouir et de s’émanciper en respect avec l’environnement.



5 [ C O M M E N T A I R E S ]

:

Chrétien de Troyes a dit…

Quoi de plus intelligent?

Excellente annalyse, félicitation. Tu devrait la publier à plus d'endroit, ça vaut vraiment la peine

Anonyme a dit…

« Il est aussi dans l'intérêt d'un tyran de garder son peuple pauvre, pour qu'il ne puisse pas se protéger par les armes, et qu'il soit si occuppé à ses tâches quotidiennes qu'il n'ait pas le temps pour la rebellion.»

- Aristote

Yanick Toutain a dit…

Voici donc ma réponse à votre texte.
Un projet libéral-égalitariste en réponse à Pourquoi combattre le capitalisme : Ce que les libertariens et la droite refusent d'admettre.
Un lecteur vous suggérait de le diffuser largement.
le placer dans les forums Google Newsgroups me parait un bonne suggestion.
(je conseillerais fr.soc.politique, le même anglophone et un forum en chinois.)

Je vais ensuite déposer l'intégralité de ma réponse dans vos commentaires.
En effet, il me semble plus courtois pour les lecteurs de chacun de ne pas les contraindre de multiplier les clics en se limitant à des liens. D'autant plus que nous sommes tous deux sur blogspot et que l'argument de la bande passante ou du stockage est absurde !

Yanick Toutain a dit…

Un projet libéral-égalitariste en réponse à Pourquoi combattre le capitalisme : Ce que les libertariens et la droite refusent d'admettre.
Par Yanick Toutain
20/12/2010 18:00
Bonjour
Vous avez eu la courtoisie de déposer sur notre blog Révolisation Actu un message concernant la liberté d'expression. Cela m'a amené à venir ici lire vos écrits.
PRÉAMBULE
Plusieurs articles m'ont paru dignes d'intérêts. Un regard neuf sur des problèmes anciens.
Mais, au milieu de réflexions fraiches, je trouve certains poncifs de l'extrême-gauche archaïque. J'appelle donc à un débat.
D'autant plus que vos argumentaires sont partiellement construits à l'intention des libertariens et de ceux qu'ils influencent. Or ces groupes figurent parmi ceux que je tente de contraindre au débat : le libertarianisme est-il une solution réelle ? Est-il un brouillard de fumée pour cacher des militants du capitalisme ? Ou est-il une étiquette confuse regroupant des innovants sincères et des malades consuméristes idéologues du capitalisme le plus sordide.

J'ignore à qui je parle. J'ignore donc combien d'auteurs ont signé le texte auquel je vais répondre.
LIBERALISME EGALITARISTE VS LIBERTARIENS
Pour que les choses soient claires dès le départ, je me situe à votre gauche et à la gauche des libertariens.
Mais je me caractérise comme « libéral égalitariste ».
Je prétends que le libéralisme – le vrai – est bien plus efficace que le système capitaliste actuel et qu'il est aussi bien plus efficace que l'ersatz de socialisme stalinien – appelé poliment « planification démocratique » qui se trouve en palimpseste des projets de tous les trotskystes, anarchistes et autres anticapitalistes proclamés.
Tout cela a un arrière-fond sociologique que seule une théorie néo-marxiste peut clarifier. La conceptualisation de nouvelles classes sociales que ne vit pas Marx expliquent pourquoi cet acharnement à proposer de vieilles recettes. Je développerai ailleurs cet aspect en tentant de réduire au maximum l'analyse de POURQUOI tel ou tel projet en me limitant à leur faisabilité.
LIBERALISME POUR LES OBJETS, PAS POUR LES HUMAINS
Je défends le libéralisme. Mais dans le cadre d'un libéralisme égalitariste.
En effet, le libéralisme, pour fonctionner correctement implique d'être limité à la production et à la circulation des OBJETS.
Il faut donc commencer par exclure les humains du marché.
Cela implique de prendre une mesure qui choque la totalité de l'extrême-gauche prétendument anticapitaliste. En effet, retirer les humains du marché aboutit à déchirer diplômes, rendre le travail libre et verser un SALAIRE UNIQUE.
Or, depuis 1993, je constate que ce projet de salaire unique (dont la réclamation de 1000 euros pour tous les Terriens de plus de 14 ans est l'actualisation) suscite l'hostilité et même la haine de certains « anticapitalistes ».

Yanick Toutain a dit…

L'IMMATERIEL DOIT ETRE GRATUIT
Deuxièmement, il faut rendre GRATUIT l'immatériel.
Cela fait 3 millions d'années que les humains s'approprient le travail des membres de la strate des innovants. Toutes les découvertes, inventions, créations artistiques faites depuis le début du paléolithique sont ACCAPAREES par chacun. Nous exigeons, en conséquence, que tous les HERITIERS des innovants, nous exigeons que la PRODUCTIVITE ANCESTRALE (mots, chiffres, connaissances, outils de pêche, d'agriculture etc.... notes de musique découvertes par Puthagoras, lois scientifiques des matérialistes etc....) SOIT REMUNEREE.
Toutes les entreprises devront RENDRE la totalité de leur CHIFFRE D'AFFAIRE à la société. Il ne leur appartient pas de conserver LES FRUITS DES INNOVATIONS ANCESTRALES, DES DECOUVERTES ANCESTRALES, DES INVENTIONS ANCETRALES, DES CREATIONS ANCETRALES.
Le travail d'un ignorant, analphabète, dépourvu de santé, - ayant la santé chétive d'un pré-paléolithicien - ne vaut RIEN !
Si le travail du lecteur de ce texte VAUT quelque chose c'est parce qu'il NE PAYE PAS LES DROITS D'AUTEUR ANCESTRAUX.
LES DROITS D'AUTEURS ANCESTRAUX : 1000 EUROS PAR MOIS
Troisièmement, en conséquence de quoi, le salaire unique mondial – 1000 EUROS PAR MOIS – sera, dans la réalité conceptuelle économique – le versement des DROITS D'AUTEUR ANCESTRAUX.
Ces 1000 euros paieront, à chaque humain, le versement des fruits des découvertes de ces ancêtres.
INVESTISSEMENT DEMOCRATIQUE : 300 EUROS PAR MOIS
Quatrièmement, tout cela sera complété par un système d'investissement démocratique. A partir de 7 ans, chaque enfant lecteur recevra 1 euro par jour. Il les investira dans les projets de son choix. Librement.
La formation économique des enfants sera réelle, dans la réalité.
Pour éviter les « abus de biens sociaux » ces projets seront distants (par exemple) de 3 kilomètres. Ils pourront regarder sur la toile les projets des ECOLES VOISINES et investir dans leurs projets les plus utiles.
Quant à lui-même, il proposera, pour son école, ses propres projets qui seront financés par les enfants d'autres écoles.
Arrivés à l'age adulte, à 14 ans, chaque citoyen-ne touchera 300 euros pour financer les projets qu'il choisira. Aucune limitation.
Ce système aboutit au fait que
LES POLITICIENS N'ONT PLUS LA CLE DU COFFRE.
En effet, l'investissement démocratique PREND LA PLACE des banques, des Bourses, du capitalisme quelles que soient ses formes, prend la place de la subvention politicienne, de la « planification démocratique », de la « planification socialiste ». Abolition du crédit. Abolition de la propriété immobilière.
Tous les citoyens deviennent des LOCATAIRES. Et les logements soumis (enchères annuelles) à la LOI DU MARCHE.
Voilà, en grandes lignes, quel sera le fonctionnement d'une société libéral-égalitariste. L'analyse de votre texte donnera quelques détails supplémentaires.

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