Ludwig von Mises fut un homme de son époque, qui vécu de très près la confrontation des blocs économiques de la première guerre mondiale, et la seconde guerre mondiale qui opposa ce qu’on a appelé fascisme et communisme. Mises offre des opinions et une critique du 20e siècle très intéressante, mais il ne démontre aucune notion historique et encore moins de psychologie sociale. La fait qu’il dû subir et fuir les conséquences du communisme et du fascisme en Europe lui a provoqué un profond dégoût pour toute forme d’appareil étatique. D’un côté, il réprimait le capitalisme d’État (communisme) et ce qu’il appelait l’économie organisée, et de l’autre côté le fascisme et son capitalisme bourgeois où l’État omniprésent veille aux intérêts de sa bourgeoisie locale. Il prétendait ainsi que l’ennemi à abattre à tout prix était l’État, par contre, ce qu’il ne voyait pas, c’était que l’État n’était que protecteur du capital monopolisé. D’un côté, l’État fasciste défendait le capital bourgeois, alors que de l’autre, l’État, devenu propriétaire de la force du travail et du capital, défendait son capital étatique. Le problème est le même dans ces deux système capitalistes : l’économie est monopolisée par une minorité de personnes et les intérêts de tous deviennent intrinsèques aux intérêts de cette minorité dominante.
Le réflexe de Ludwig von Mises fut de blâmer le nationalisme et les nations pour la 1e guerre mondiale sous prétexte que ce sont les taxes douanières et le protectionnisme des États qui obligea les différents États à entrer dans le conflit.. Là dessus, il n'a pas tord. Par contre, ce qu'il laisse de côté, c'est que l’interventionnisme et le protectionnisme ont étés mis en place partout sur la planète à cette époque pour protéger la bourgeoisie locale de chaque pays. Sans cela, il n’existerait probablement que quelques pays entièrement bourgeois et une grande majorité de pays entièrement prolétarien. La division du travail et la monopolisation du capital oblige cela. Ce que je reproche à Mises, c’est de ne pas relativiser les choses dans l’Histoire. En tout temps, les État ont étés des instruments de l'élite pour se maintenir en place. La démocratie parlementaire n'est qu'un outils pour empêcher la révolte des masses, avec son système de redistribution, sa police, son armée, son code de lois, ses prisons, etc.
Primitivement, avant bien qu'il n'existe toute forme d'État, il existait tout de même une division sociale, entre les femmes, les homme, le chef de tribu, etc. on se battait entre clans pour des ressources, des outils, de la nourriture, le feu, etc., et on avait pas besoins d'États pour le faire! Les États sont venus par la suite à cause d'une plus grande complexité dans la division du travail et des tâches. Qui dit division des tâches dit également classes sociales. Les États représentent toujours des classes sociales, tant qu'il y aura des classes sociales, il y aura également des États. Ce que je veux dire ici c’est que même s’il n’avait jamais eu d’États nationaux, le capital se serait tout de même monopolisé à l’extrême et le fascisme (non-national) serait tout de même né. En fait, l’entreprise mondiale dominante serait devenue une forme d’État à elle seule.
Mises est quand même très instructif au niveau économique. Sa façon de démontrer le rôle prépondérant de la subjectivité en économie est très enrichissante. Par contre, sa critique du marxisme, me semble avant tout être une critique des pays du bloc communiste (capitalisme d’État), qui ne représentent pas très bien le marxisme. Si Ludwig von Mises avait voulu faire une critique du marxisme, il aurait dû commencer par s'abreuver aux source et lire lui-même les livres de Karl Marx, au lieu de se référer aux chauvins qui ont tentés d’interpréter le marxisme et le communisme de toute sorte de manière pendant le 20e siècle. D’ailleurs, plusieurs penseurs marxistes ont pour la plupart étés tués ou expulsés en Sibérie par l’U.R.S.S.
Mises soutiens que l'économie planifié ne peut pas fonctionner "« Du fait de la destruction du système des prix, le paradoxe de la « planification » tient à ce qu'il est impossible d'y faire un plan, faute de calcul économique. Ce que l'on dénomme économie planifiée n'est pas une économie du tout. C'est tout juste un système de tâtonnements dans le noir. »"
Encore une fois, Ludwig von Mises a sous-estimé le marxisme et l'intelligence humain en prétendant que marxisme, économie planifiée et "loi de l'offre et de la demande" ne faisaient pas bon *marché*. En fait, son analyse de la fixation des prix est exactement la même que celle de Karl Marx, c'est à dire relative et selon l'offre et la demande du temps. Si une personne traverse le désert et n'a pas bu d'eau depuis une semaine, il sera prêt à payer très cher pour un seul verre d'eau. Par contre, le deuxième verre d'eau aura beaucoup moins de valeur, et ainsi de suite. Ludwig von Mises soutiens que :
« La valeur n'est pas intrinsèque, elle n'est pas dans des choses. Elle est en nous ; elle est la façon dont l’homme réagit aux conditions de son environnement. »
Dans sa critique du marxisme, Ludwig von Mises reproche au socialisme de ne pas parvenir à fixer les prix, alors qu'une équation tirée du capitalisme entre offre et demande peut très bien servir également le socialisme. Le socialisme, c'est d'utiliser les acquis du passé pour organiser logiquement et démocratiquement le monde. Il est facile d'imaginer une politique de fixation des prix basé sur l'offre et la demande, mais qui inclus également un aspect humain et environnemental. Pourquoi les prix des logements, de l'habillement, de la nourriture, de l'éducation, de la santé et j'en passe devraient être jugés de la même façon que le prix du pétrole? Le prix d’un litre d’essence vaut moins cher qu’un litre d’eau, même avec toutes les taxes gouvernementales. Pendant qu’une partie de notre société et de notre planète n’a pas d’eau potable, on gaspille l’essence à outrance. C’est vraiment le genre d’absurdité que vous désirez? Vous voulez vraiment abandonner tout contrôle là dessus? Marx n'a jamais été en défaveur de la loi de l'offre et de la demande, qui est une loi élémentaire à tout système économique. Ce qu'il a fait, c'est d'analyser cette prémisse dans un système où la division de la société se fait entre bourgeois (propriétaires) et prolétaires (non propriétaires, contraints de vendre leur force de travail). Il soutiens que, pour plusieurs raisons, un tel système aura pour conséquence une monopolisation sans cesse grandissante du capital.
Pour Ludwig von Mises, les principes de propriété privée, de division du travail et de liberté des échanges ont permis pour la prospérité de nos sociétés et sont les fondements même de la civilisation. Marx serait probablement en accord avec cela puisqu'il prônait également que l’Homme était un être social, dont l’un des besoins essentiel était la construction d’éléments privés, à son image, et de les partager avec les autres. Par contre, il prétendait que le plus gros problème du capitalisme était que les moyens de productions (entreprises, corporations, mines, etc.) soient privés, sans pour autant vouloir les nationaliser et les rendre sous contrôle de l’État absolu. Il était, tout comme Mises, en faveur de la division du travail et du libre échange, mais dans le but de faciliter le travail, d'en augmenter la production et la qualité, par contre, en régime capitaliste, cela a pour effet que de plus en plus de personne se retrouvent exclues et voient leur pouvoir d’achat rapetisser sans cesse. En effet, plus le capitalisme et la technologie se développe, de moins en moins de travailleurs sont nécessaires pour produire la même quantité de produits. S’installe par la suite une société de limitation et non d’abondance, où les entreprises aillant un monopole limitent leurs productions pour pouvoir créer une rareté et ainsi augmenter leurs prix. Baisse des dépenses, augmentations des profits, le monde idéal lorsqu’on a un monopole! Le capitalisme détruis plus d'emplois qu'il n'en génère et offre des emplois de moins en moins enrichissants pour le psychisme humain et la nature.
Marx aussi était en faveur de la totale sous-traitance. Il n'était pas non plus contre la division du travail, il n'y a qu'énuméré ses défauts, comme la perte de compétence et de vue d’ensemble des travailleurs, mais sans élaboré de plans spécifiques. Dans un monde international et démocratique, il est important d'avoir une vision d'ensemble. Une économie structurée et planifié permet de répartir les heures de travail et la réalisation des travaux communs de façon démocratique. Par exemple, si on prévoit dans une société de 10 personnes qu'il faut un minimum de 30 heures par semaine de travail commun pour que la société fonctionne, chacun peut faire 3 heures par semaines, puis faire son travail professionnel ou étudiant par la suite. Avec une économie planifiée, les possibilités sont infinie et cela est impossible à réaliser dans un système économiquement anarchique comme le capitalisme. L'important est de garder cette gestion totalement démocratique et participative, avec des représentants révocables en tout moment.
Marx était, comme votre penseur libertarien, totalement contre l'intervention de l'État comme on le conçoit aujourd'hui. Selon ce que j'en ai retiré, Marx prônait un État comme acte spontané de réaction collective. Probablement très près de ce qu'on appel aujourd'hui la démocratie participative, c'est à dire que ceux qui veulent participer au débat le peuvent. Pour pouvoir réaliser la réelle démocratie participative, les outils de gestions de la société doivent être non pas entre les mains de l'État, ni de la bourgeoisie et des intérêts privés, mais propriété du peuple dans le sens que ceux qui veulent participer à la gestion des outils collectifs, par exemple la monnaie, le peuvent. Présentement, la monnaie est propriété non pas de l'État mais d’une entreprise privé, la banque centrale. Personnellement, je soutiens que le contrôle de la monnaie (banques centrales et commerciales) devraient être gérées en démocratie partiticpatives et que la majorité de leurs pouvoirs devraient être remis aux gestionnaires municipaux (un terme à réinventer). Je prends par exemple ici sur l'expérience de Worgl, où les gouvernements municipaux avaient la possibilité d'imprimer de la monnaie fondante, qui perds de la valeur avec le temps. Cette monnaie servait à la réalisation de projets communs, mais son but direct fut que des 70% de chômeurs, il ne resta pratiquement plus de chômage avant que la banque nationale d’Autriche condamna et força l'abolition de cette monnaie. Votre penseur également a été tenté par ce type de monnaie, mais il crû jusqu'à sa mort qu'un retour à l'étalon Or était préférable à tout. Selon moi, sa hantise envers l'État lui a caché les vertus d'une monnaie gérée démocratiquement comme un outils de développement social.
Mises soutient que l'étalon-or est le seul système monétaire viable. Son argument est qu'il est le seul moyen de s'assurer que les échanges commerciaux resteront non politique (nationaliste). Il n'a pas tord, par contre, que fera t'il quand le plus riche des bourgeois possèdera la totalité de l'Or? Prônera t'il le retour du troc ou de la monnaie politique?
De plus, la société de Ludwig von Mises est encore basé sur la propriété privé des moyens de production. Cela signifie encore une division entre prolétaire et bourgeois. Qu'est-ce qui va empêcher un bourgeois d'épargner et de réinvestir son capital à l'infini, en abaissant ainsi la qualité de vie des travailleurs, mais également leur pouvoir d'achat et ainsi la consommation. Qu'est-ce qui va empêcher un bourgeois d'acheter l'entreprise d'un autre bourgeois et ainsi continuer à monopoliser le capital mondial? Une fois que le capital est monopolisé et que la réelle compétition n'existe plus, qu'allez-vous prôner ensuite?
Ludwig von Mises et tous les anarchistes laissez de côté la psycologie humaine en focalisant uniquement sur la logique économique. C’est comme s’il voulaient retourner en arrière pour recommencer les choses, et sans rien changer. Il faut regarder devant et créer un système de l’avenir. L'homme tente toujours de profiter au maximum de chaque événements. Si les moyens de productions sont privés, la monopolisation du capital reviendra indéniablement pour plein de raisons évoquées par Karl Marx et ses comparses. La monopolisation est engendrées par les lois capitalistes, pourtant, elle est l’antithèse du capitalisme car lui est basé sur la compétition. Or si le capital est monopolisé, la compétition n’existe plus.
Dans votre société libertariene, qui s'occupera des projets non lucratifs, par exemple les parcs, le reboisement, la restauration de la faune et de la flore? Y aura t-il des postes de péage à l'entré de tous les parcs? Qui s'occupera des mésadaptés comme les handicapés sans parenté, les orphelins et autres abandonnés de ce monde? Vous misez sur la charité et la philanthropie comme les états-uniens? On le voit ce que ça donne! La charité n'est pas une vertu humaine et si elle est anonyme, que le donateur n'en retire aucun bénéfice, les dons en charité ont tendance à fondre. La vraie charité, elle est dans les comptes de fées. Les anarchistes de toutes tendances (droite et gauche) me font pensé à un adolescent qui veut profiter des bons côtés de la société, sans payer le prix et les sacrifices qui en résultent. Comme le dit si bien l'hymne révolutionnaire l'Internationale d’Eugène Pottier :
"L'égalité veut d'autres lois"
"Pas de droits sans devoirs dit-elle"
"Égaux pas de devoirs sans droits"
Vous me reprochez une supposée approche "autoritaire" et semblez prétendre que votre révolution arrivera par la simple volonté de l'homme. “Il ne faut pas imposer quoi que ce soit” vous me dites! Toute révolution est avant tout un acte agressif (idéologique et/ou matériellement) et l'histoire démontre que l'élite de l'ancien système résiste toujours, ce qui me laisse croire que votre mouvement sera indéniablement écrasé, tout comme le fut la commune de Paris de 1870, et pour les mêmes raisons, utopiques libertariens!
5 [ C O M M E N T A I R E S ]
:
En quoi le libertarisme est mieux que la société d'aujourd'hui si vous n'abolissez pas les moyens de productions privés? Si vous n'abolissez pas les multinationales et leur domination dans bien des aspects de la vie commune, vous n'êtes en rien plus libres. Je suis en accord avec le principe que l'État bourgeois est moribond et dominateur avec sa bureaucratie immense, mais je ne pense vraiment pas que laisser libre cours à la bourgeoisie serait plus avantageux. L'État et le système parlementaire a été formé par la bourgeoisie (propriétaires) pour ne pas que les prolétaires (non-propriétaires) se révoltent. Abolissez cela sans plan de gestion alternatif abolissant la propriété privé DES MOYENS DE PRODUCTIONS et vous aurez un massacre immense. Le libertarisme est un vieux fantasme des propriétaires fonciers et industriels pour pouvoir exploiter d'avantage la population. Le communisme du 20e siècle était également une forme de capitalisme, mais étatique, contrôlé par l'État. Il faut surpasser ces dogmes, non pas tout détruire et retourner en arrière, mais avancer vers l'avenir avec les acquis que nous avons eu de par le passé.
Pour clarifier mon propos, quand je dis que Marx n'était pas un bon économiste, c'est d'abord et avant tout dans cette phrase, centrale à sa pensée:
"S’installe par la suite une société de limitation et non d’abondance, où les entreprises aillant un monopole limitent leurs productions pour pouvoir créer une rareté et ainsi augmenter leurs prix."
Du point de vue de von Mises, cette phrase est erronée et cela est démontrable déductivement.
Par ailleurs, je ne pense pas que von Mises se serait opposé à une monnaie plus qu'une autre, tant qu'on ne l'oblige pas à l'accepter. L'avantage de l'étalon-or (ex-réserves fractionnaires) est justement sa tendance à émerger de toute "démocratie participative".
Prochain devoir: critiquer ceci http://mises.org/journals/jls/9_2/9_2_5.pdf
Bastiat79
En fait, cette phrase n'est pas de Karl Marx, mais de nous, à UnionRévolte. La société de Karl Marx n'était pas une société d'abondance où l'offre a le plein pouvoir. La société que Karl Marx a décrite était une société bien plus équilibrée que celle que nous connaissons aujourd'hui. Il y avait beaucoup plus de paysans et de bourgeois et beaucoup moins de prolétaires industriels. La société que nous connaissons aujourd'hui n'est même pas une société de production, mais une société de service. Ce sont les plus fragiles et éphémères.
Vous parlez de "démocratie participative", j'aimerais bien connaître votre définition de démocratie participative. Nous publierons un billet là dessus bientôt.
Au plaisir d'échanger avec vous.
Je sais que la phrase est de vous, mais elle me semble bien résumer ce que vous retenez de la pensée de Marx. (Vous le savez mieux que moi.)
Par "démocratie participative" j'entends toute forme d'organisation sociale non-violente, ce qui inclut nécessairement le droit de non-association. Le "libre marché" en fait évidemment partie: 60% demandent du pain blanc 40% demandent du pain brun, 60% obtiennent du pain blanc 40% obtiennent du pain brun, on ne peut pas être plus démocratique.
Le libre marché ne signifie pas nécessairement que ceux qui veulent manger du pain brun puissent le faire. Le fait de limiter sans cesse la consommation par une diminution des salaires et une baisse du pouvoir d'achat fait que nécessairement, il y aura des personnes qui voudront manger du pain brun mais qui ne pourront pas parce que ce dernier est plus dispendieux. Le pouvoir d'achat est une limite imposée par le système économique, elle n'assure pas que les gens pourront vivre comme ils le souhaitent et selon la logique qui va de soit. Effectivement, même s'il est plus logique et meilleur pour la société que les gens se nourrissent de farine à grain entier, le système ne favorise pas cela.
Ici, le pain n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, mais cette situation survient dans tous les secteurs de l'économie. Prenez l'achat d'une voiture hybride par exemple....
Tant qu'à la démocratie participative, c'est l'expression libre du citoyen. Pas avec ses proches et ses amis, mais avec la société. La démocratie participative, c'est lorsque le citoyen peut s'exprimer et surtout bénéficier d'un pouvoir d'action sur toutes les question qui lui sont chère. Cela est bien entendu impossible dans le système de démocratie représentative que nous connaissons aujourd'hui.
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