lundi 18 avril 2011
Agonie du dollars US, retour de la Crise Économique et dislocation géopolitique mondiale.
Dès la mise en ligne de ce blog, en février 2010, l’un de mes premiers texte portait sur la “Fin de la crise économique? Est-ce qu'on se fiche de nous ou quoi!?”. Dans ce texte, je soulignais l’inévitable retour de la crise économique de 2008, dont le principal facteur est la sur-abondance de devise US sur le marché mondial, ainsi qu’un déséquilibre du pouvoir d’achat du citoyen moyen. J’avais alors évoqué la flambée des prix des ressources primaires et la hausse des taux d’intérêt des banques comme coup de barre fatal de la classe moyenne et de son État providence, déjà sur-endetté.
Aujourd’hui, comme en 2008, la majorité des ‘experts’ économistes prétendent que tout ira bien, qu’il est impensable d’imaginer une banqueroute des États-Unis, puisqu’il suffit à la banque centrale, la FED, d’imprimer des Dollars. De cette façon, l’inflation qui découlerait d’une forte création monétaire ferait perdre de la valeur au dollars US, ce qui viendrait noyer et amoindrir la valeur de la dette américaine. Cela aurait donc un double effet bénéfique : éviter les mesures d’austérité drastiques que la moyenne des étatsuniens ne pourraient supporter, puis un allégement du niveau d’endettement national. Toutefois, cela pourrait être vrai si la devise US avait encore la prestance qu’elle a déjà eue : tant qu’il y a des acheteurs étrangers de dollars US, le déficit étatsunien sera financé par les pays acheteurs de cette devise. Mais qu’adviendra t-il lorsque personne ne voudra se procurer cette devise?
Le dollars US a déjà perdu de son emprise. Saddam Hussein l’avait d’abord abandonné au profit de l’Euro, avant d’être renversé par l’invasion des États-Unis. Depuis, l’Iran (2006) et les pays de l’Alliance Bolivarienne pour les Amériques (ALBA, en 2009), dont le Venezuela, ont fait de même. Plus récemment, le dollars US a continué de perdre de de sa prestance depuis 2008, et peine aujourd'hui à dominer les échanges internationaux face aux autres monnaies. Le récent séisme japonais et la crise nucléaire qui a suivi n’ont fait qu’accentuer ce processus. En effet, pour financer la reconstruction, le gouvernement japonais prévoit vendre plusieurs actifs de bonds du trésors étatsuniens, ce qui aura pour effet d’augmenter l’offre de cette devise et donc d’en abaisser sa valeur. Mais plus la valeur de cette devise baisse, plus les détenteurs de cette devise voudront s’en débarrasser, ce qui aura pour effet de faire chuter sa valeur encore plus, et ainsi de suite...
Parallèlement à la division économique qui croît, sous la pression de la chute de valeur du dollars US, des divisions politique internationales ressurgissent. La crise libyenne et la crise ivoirienne ont servi de puissant accélérateur de la dislocation géopolitique mondiale, accentuant les divisions à l’intérieur même du camp occidental. Devant la frustration des créanciers du gouvernement étatsunien, même le Front Monétaire International (FMI) ne se gêne plus pour partager publiquement ses critiques face à la gestion de l’économie étatsunienne, et prétends même que “les États-Unis ne sont pas crédibles quand ils parlent de réduire leurs déficits”. En référence à la récente paralysie évitée du gouvernement étatsunien, où démocrates et républicains se sont confrontés pour une infime partie du budget des États-Unis, le Laboratoire Économique d’Anticipation Politique (LEAP) se questionne : “si pour quelques dizaines de milliards USD de réduction des déficits, le système politique américain atteint un tel degré de paralysie, que va-t-il se passer quand dans les mois à venir vont s’imposer des réductions de plusieurs centaines de milliards USD par an?” Certains, dont le nouveau gouverneur de Californie, Jerry Brown, n’hésitent pas d’évoquer le spectre de la guerre civile. L’empire s’écroule de l’intérieur, alors qu’il est de plus en plus abandonné par ses alliés internationaux.
En référence aux "faux dollars" imprimés par la FED depuis plusieurs années, le LEAP nous apprenait que ce sera au moins “20 000 milliards de ces actifs-fantômes qui vont s’envoler en fumée à partir de l’Automne 2011". Parmi ces moyens d’y parvenir, il faut compter sur une forte hausse des taux d’intérêts bancaires, afin de forcer le remboursement des dettes, la poursuite de la dégringolade des fonds de pensions et des caisses de retraites, la perte d’actifs en bourse et les faillites financières qui en découleront. Sans oublier que “l’insolvabilité fédérale est désormais au coin de la rue”, selon Richard Fisher, président de la Réserve Fédérale de Dallas. Un effondrement précipité serait évidemment catastrophique pour les pays gravitant trop près de la sphère US. Les citoyens accepteront-ils encore et encore de payer pour les délires perfides de leurs élites politiques et économiques?
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