samedi 28 mai 2011

Surpasser les dogmes marxistes : Discussion concernant le Capital et la propriété privé.

Cette publication est la première partie de mes échanges avec l'auteur du blog l'Agitateur, suite à une réplique à son texte "Quand la répétition devient une performativité".

  1. Très bien écrit. Toutefois, je trouve déplorable que vous tombiez dans le piège d’associer capitalisme et libéralisme. Il vous semble impossible d’imaginer un monde totalement libéral, mais où le profit privé n’existerait pas. Un monde où on ne ferait pas abstraction du Capital, mais qu’on le répartirait plutôt équitablement entre CHAQUE terrien, l’égalitarisme. Bref, un monde où le Capital social serait libéralisé, démocratisé.

    Et si nous avions fait erreur pendant plus de 200 ans et que ce n’était pas la propriété privé qu’il fallait détruire mais plutôt le profit privé, source de tous les déséquilibres? Si cela vous intéresse, je vous propose de faire lecture sur le néo-communisme du 21e siècle, qu’on nomme également le libéral-égalitarisme.

    Solidairement.

  2. Bakouchaïev dit :
    @ André Franc-Shi : Vos propos me laissent perplexe. Le capital est une forme d’accumulation de profit qui découle de la propriété privé des moyens de production, qui elle-même est basée sur le surtravail (heures non payées pour le travail accompli gratuitement pour les capitalistes) ce qui engendre la plus value, à la base du profit. Le profit ne saurait être socialisé, il découle de l’exploitation des travailleurs et des travailleuses. Vous ne pouvez pas vous débarasser de l’exploitation des travailleurs et des travailleuses, si vous ne voulez pas vous débarasser du capital et de la propriété privé des moyens de production. La sortie du capitalisme passe par la collectivisation des moyens de production (je parle ici de l’autogestion et non de la gestion de l’économie par l’État qui nous mènerait à la répétition de la révolution d’Octobre).

    @ l’Agitateur : Je suis sommes toute d’accord, mais sortir de ce cul de sac va être laborieux. Quand les gens ont d’autres options que la confrontation violente, ils prennent d’autres options. On est loin de l’éviction des proprios par les locataires et des employeurs par les travailleurs et travailleuses.

    C’est quand ils sont désespéréEs que les gens agissent, pas avant. L’économie de l’Argentine s’est complètement effondrée et c’est pour ça qu’une forme d’autogestion a pris place dans ce pays. Mais comme nous l’ont montré les révoltes arabes et la révolution russe (on ne sera probablement jamais d’accord sur ce point) quand les gens se soulèvent sans organisation politique crédible et bien ils se font récupérer.
  3. @Bakouchaïev : Merci de votre critique. Je penses que vous avez identifié le problème (« je parle ici de l’autogestion et non de la gestion de l’économie par l’État »), mais que vous refusez d’en conclure les enseignements (« Le profit ne saurait être socialisé »). Qu’est-ce que l’autogestion, sinon la gestion par chaque individus librement?

    Si le Capital est surtravail, je n’ai RIEN ni contre le Capital, ni contre le surtravail. Toutefois, le surtravail est permis par l’action complémentaire de TOUS les terriens et donc le Capital appartient à l’Humanité toute entière. Le profit privé (ou le salariat) doit être considéré comme un VOL et traité comme un crime comparable à la fraude aujourd’hui.

    Toutefois, attaquer la propriété privé de front, c’est utiliser un « remède de cheval » pour quelqu’un qui aurait un rhume. C’est le même principe que les anti-biotiques : on détruit tout, le bon comme le méchant. En quoi la propriété privé serait néfaste si on en retirait l’idée de profit privé? Par exemple, si j’ai un projet d’inventer et de distribuer une nouvelle sorte de pompe à eau pour développer les pauvres plus pauvres, en quoi est-ce néfaste pour l’Humanité que je sois le seul architecte de MON projet? Je penses que les travailleurs devraient être libres de s’associer comme bon leur semble : en coopérative, en fédération, en PME ou même en entreprise à employé/patron unique, PEU IMPORTE! La liberté de CHAQUE individus doit primer; non plus celui des organisations, des partis politiques, des États ou des corporations (mais cela n’empêche pas que les travailleurs pourront se réunir en corporation, si cela leur plaît).

    Mais pour qu’un tel système fonctionne, il faut détruire le capitalisme; il faut détruire le Capital privé et le profit privé qui en est le principal moteur. Pour se faire, il faut impérativement faire (non pas nationaliser mais) l’AFRICATION* de toutes les banques (et par ricochet de toute l’économie) et ainsi publier les chiffres d’affaires de CHAQUE entreprises. Ainsi, chaque patron d’entreprise est maître de la gestion du Capital de son entreprise, mais ne peut attribuer de salaire ni à lui, ni à quiconque. Ensuite, pour répartir ce Capital social équitablement, il suffit de le distribuer (admettons à chaque mois) sous forme de revenu égal pour tous. Saviez-vous que si nous faisions cela au Canada (si on prend le PIB et qu’on le divise par le nombres d’habitants), on pourrait offrir un revenu de plus de 3000$ PAR MOIS à TOUS les canadiens? Et si on applique la même formule sur toute la planète, on pourrait déjà offrir un revenu de plus de 950$ par mois à TOUS les terriens, imaginez! Il suffit ensuite d’établir un système « d’investissement démocratique » où chaque individu se verrait demander d’investir (par exemple) 20% de ce revenu dans des projets sociaux (entreprise privé, recherche spatiale, assainissement de l’eau, réparation des routes, la construction d’un hôpital ou d’une école, libre à chaque individus de décider librement). Ainsi, chaque individu devient banquier, investisseur, politicien, fonctionnaire….bref, maître du Capital social. Nous ne voulons pas détruire le marché des marchandises, mais le marché du travail!

    Là où je suis 100% d’accord avec vous, c’est quand vous invoquez que lorsque « les gens se soulèvent sans organisation politique crédible et bien ils se font récupérer ». Je ne vois pas pourquoi vous prétendez qu’ »on ne sera probablement jamais d’accord sur ce point ». Nous (les libéral-égalitaristes), prônons l’organisation d’une délégation citoyenne révocable depuis des années. Mais notre délégation révocable a apprit des erreurs du passé et nous tentons de rapprocher le pouvoir du simple individu. Lors de la Commune de Paris de 1871, un délégué représentait +/- 15625 individus; lors des révolutions russes, les soviets représentaient +/- 500 à 1000 individus; mais lors de la prochaine révolution libérale-égalitariste un délégué révocable représentera seulement 25 individus! 15625 \ 25 = 625; 625 \ 25 = 25. Notre mouvement est même logiquement mathématique et malgré que toute la démocratie mondiale reposerait sur de minuscules groupes de 25 individus, elle se ferait en seulement 6 paliers. 6 paliers de délégués révocables, formés de groupes de 25 individus (la grosseur d’une classe d’école), qui représenteraient les 7 milliards d’humains, imaginez!
    Voilà, Bakouchaïev, j’espère avoir éclairci suffisamment ma pensée. Si vous êtes encore perplexe, je vous prit de bien vouloir me souligner les points qui vous incombent et j’espère avoir la chance d’échanger de nouveau avec vous.

    *L’AFRICATION, ce n’est pas mettre sous tutelle de l’État (par opposition à la nationalisation), mais mettre sous contrôle de l’Humanité. L’Africation de l’économie, c’est répartir de façon neutre TOUT le capital social; cela doit s’accomplir par les calculs et l’action d’un ou de plusieurs ordinateurs. Ses actions sont donc impartiales et traitent chaque individus sur un pied d’égalité.

  4. nsrgnt dit :
    Pour l’instant, je ne vais m’en tenir qu’à une courte explication des raisons pourquoi vous avez tort tous les deux.

    André se borne à la sphère de la circulation et rejette complètement l’importance des origines du profit ie. la sphère de production. Par contre, bien que l’explication par Bakouchaïev sur l’origine de la plus-value soit satisfaisante, je tiens à souligner que s’en tenir à une explication productiviste du capitalisme est insuffisante pour saisir celui-ci.
    http://agitateur.wordpress.com/2010/01/19/karl-marx-en-bref

    Le capitalisme est une totalité sociale: plus qu’un simple mode de production économique, c’est un mode de reproduction sociale. Ignorer l’aspect coercitif du capital, c’est ignorer ce qu’est le capitalisme.

    Ergo, socialiser le profit, ce n’est pas se débarrasser du capitalisme et de tous ses processus: prolétarisation, exploitation, marchandisation et valorisation. La socialisation du profit est ENTIÈREMENT compatible avec le capitalisme. L’entité collective s’appropriant le profit agit comme CAPITALISTE COLLECTIF (voir Engels, Anti-Dühring). Le capital demeure la force sociale motrice au lieu des êtres humains.

    • Bakouchaïev dit :
      @ nsrgnt : Je sais bien que le capitalisme est un système de reproduction sociale et qu’il est contraignant. C’est ce que j’ai voulu mettre en lumière. Les prolétaires n’ont pas le choix de vendre leur force de travail pour combler leurs besoins essentiels et se reproduire socialement. Tout ça car ils et elles ne possèdent pas leurs moyens de production. Tout ça est interrelié. Le terme cool de ces interrelations, c’est la dialectique.

      Mon but n’était pas de faire une description détaillée du système capitaliste, mais de pointer brièvement en quoi André Franc-Shi ne se débarasse pas des fondements du capitalisme.
      Parce que si on change radicalement le système de production (dans le sens d’aller à la racine de), on change aussi les rapports sociaux. Si on a pas changer les rapports sociaux ou l’élément coercitif du capitalisme et bien on pas changer fondamentalement notre mode de production. Bref, on a pas changé grand chose, à part peut-être la tapisserie.
  5. @nsrgnt : Merci de vos apports, mais je suis assez certain que vous n’avez pas saisi la totalité de ce que nous proposons.

    Vous dites que je « rejette complètement l’importance des origines du profit ». Je comprends que le profit d’aujourd’hui et d’autrefois a été accumulé par l’exploitation des travailleurs, mais il n’est pas obligé d’en être ainsi! Le Capital a toujours existé (même avant l’invention de la monnaie) et il existera toujours. Ce n’est pas un problème de produire plus que ce que les individus peuvent consommer. Le problème survient lorsque la répartition de ce Capital ne se fait pas de façon juste. Maintenant, nous proposons de répartir ÉGALEMENT le Capital entre chaque humain, non pas par l’État, mais par l’Africation de l’économie.

    Je ne dis pas que le simple fait de collectiviser le Capital abolira toute forme de Capital. Toutefois, si le profit privé n’est plus, les individus n’auront plus intérêt à faire des actions complètement stupides pour s’accaparer des miettes de richesses. Dans notre système volontariste, les travailleurs seront libres de travailler et d’agir comme bon leur semble. Certainement qu’il y aura des individus qui auront une mode de vie plus prolétarien (travail répétitif) ou bourgeois (travail d’organisation), mais au bout du compte, tous deux seront tout aussi libres de faire autre chose et seront rémunérés de la même façon qu’ils travaillent ou pas (ils auront leur juste part du Capital social).

    Processus de prolétarisation? Peu importe si nous sommes tous libres à tout moment d’être prolétaires ou bourgeois! Nous proposons un système volontariste, donc je ne vois pas où pourrait provenir l’exploitation des travailleurs…

    Et si ce que vous appelez « L’entité collective » était un simple ordinateur qui se contentait de répartir le capital social également à TOUS les individus? Aucune organisation, aucune banque, aucun regroupement ni aucun État ou individu ne gèrera plus que SA part du Capital social; une part égale aux autres, évidemment.

    Si le capitalisme c’est l’accumulation et la concentration du Capital social, hé bien donc, le système libéral-égalitariste que nous proposons ABOLIRA LE CAPITALISME en tant qu’accumulation et concentration du Capital social, non? :0)

    Je ne vois vraiment pas où vous trébuchez dans ces concepts.
    Le texte de Engels dont vous faites référence met justement en garde les révolutionnaires contre les 10 points à la fin du chapitre 2 du Manifeste du Parti Communiste. Les soviets russes ont refusés cet enseignement et ont remis le contrôle du Capital social à l’élite étatique (la formoisie). Vous voyez bien qu’il est également possible de détruire la propriété privé ET de préserver le capitalisme et l’exploitation des travailleurs. Ces deux questions sont fort différentes et pratiquement pas reliées entre elles, sinon sur un point de vu historique….

    Le réel enjeux, c’est le contrôle et la répartition du Capital social, du fruit du travail collectif de tous les êtres humains, vous ne pensez pas?

  6. nsrgnt dit :
    Ce dernier commentaire m’horrifie ! Comme dirait quelqu’un que je connais, « C’est dégeulassssss !!! »

    a) André a une compréhension quantitative du capitalisme au lieu d’une compréhension qualitative, ce qui l’amène à penser que le capital(isme) a toujours existé comme phénomène naturel chez l’être humain (une perspective clairement wébérienne) au lieu d’apparaître comme forme sociale historique spécifique (une perspective non-exclusivement tenue par des marxistes). Peu étonnant qu’il soit obsédé par la répartition du profit.

    b) Le commentaire est empreint d’une vision typiquement idéaliste et utopiste. Le futur parfait est imaginé a priori selon le bagage socioculturel de l’auteur (« selon sa culture »), un processus qui exclue automatiquement les dynamiques historiques futures, c’est-à-dire les « faits » qui vont arriver et les « transformations » que les sociétés vont subir par rapport à ce qui se passe concrètement dans celles-ci, sans oublier les dynamiques sociales passées propres à chaque sociétés. Bref, on balance aux poubelles l’Histoire pour laisser place au rêve.

    c) Le volontarisme est impossible dans une société où la coercition au travail existe encore ie. ou les travailleurs-euses sont dépossédé-e-s de leurs moyens de subsistance. Si André s’obstine à penser le contraire, je n’ai plus rien à discuter avec lui tellement c’est simple à comprendre.

    d) Bien que j’ai SPÉCIFIÉ CLAIREMENT les propriétés du capitalisme, André a fait complètement abstraction de ce fait dans sa réponse en s’entêtant à penser le capitalisme selon son beau syllogisme si parfait.

    e) Probablement la pire partie du commentaire, typiquement hypermoderne/postmoderne: le délire technologique. Amenons notre aliénation au maximum ! Complétons ce que le capitalisme est incapable de faire ! Anéantissons la société ! Ne soyons que des individus ! Débarrassons-nous de tout phénomène subjectif (par extension politique) en n’ayant QUE des rapports OBJECTIFS avec une machine qui s’occupe de transiger les rapports entre les individualités humaines. Plus d’institutions ! Plus de remises en question face à l’Autre ! Que des individualités sublimées du lien social ! Ce serait l’horreur et l’anomie ! C’est le fétichisme de la marchandise à son état le plus pur ! C’est le marché réalisé !

    f) Très empiriquement, il est clair que le groupe dont André fait parti n’a jamais réalisé ce que c’est le travail salarié dans le mode de production capitaliste. La peine quotidienne, la violence de la hiérarchie, la pression insoutenable du rythme, le salaire ridicule, les blessures, la folle discipline, la fatigue, les problèmes de santé, le vieillissement accéléré par l’usage extrême du corps, la honte, etc… Vous pouvez sérieusement vous foutre dans le cul votre délire de pseudo-intellectuels. J’en ai rien à cirer tellement c’est fabuleux. Je serais prêt à parier que vous n’êtes qu’une bande de petit bourgeois aux études payées. Vous ne pouvez pas comprendre ce qu’est le socialisme, encore moins le communisme, parce que cela n’est possible que lorsque l’on subit les effets du capitalisme. C’est ÇA le matérialisme.
  7. @nsrgnt : Cessez vos accusations d’ignorance et d’utopisme avec moi. Les seuls utopistes sont ceux qui font abstraction des enseignements du passé. En tout respect pour vous (je penses que vous êtes quelqu’un d’intelligent), j’avais bien raison de penser que vous ne compreniez RIEN à ce que j’avançais. Veuillez, s-v-p, relire mes dernières interventions, en complément de celle-ci.
    Je vous répète ad nauseam que chaque travailleurs sera libre de travailler quand, où et comment bon lui semble (volontariste), que le capital social généré par leurs actions et leurs échanges sera collectivisé et équitablement réparti entre chaque individus, et vous me répétez sans cesse que mes propositions sont coercitives. Ou bien il y a quelque chose que je ne connais pas à la sémantique de ce terme, ou bien vous faites exprès pour ne pas comprendre et détourner le sujet. Qu’est-ce qui est coercitif dans ce que nous proposons ?

    De plus, je ne prétends pas que le capitalisme a toujours existé, mais que le capital social, LUI, oui. J’ai profondément maudit cette accusation de votre part : “Très empiriquement, il est clair que le groupe dont André fait parti n’a jamais réalisé ce que c’est le travail salarié dans le mode de production capitaliste”. Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans ma phrase pourtant simple : “On abolit le marché du travail”? Ne m’accusez pas de vouloir préserver le salariat alors que je vous propose le revenu égal pour tous, c’est quoi ce fanatisme déplacé ?!? Je penses que vos préjugés concernant ma vie personnelle sont encore plus misérables; il ne me vaut même pas la peine d’y répondre.
    Sur cela, si vous finissez par entrevoir ce que je tentais de vous faire comprendre, où si un brin de curiosité vous vient à l’esprit, il me fera plaisir de poursuivre cet échange avec vous. En toute ouverture d’esprit et sans préjugés ni conclusions hâtives cette fois.
    Sans rancune.
  8. nsrgnt dit :
    Je dénote des contradictions ainsi que des paradoxes qui invalident l’ensemble de la structure imaginée. Outre ce à quoi j’ai déjà répondu:
    « La liberté de CHAQUE individus doit primer; non plus celui des organisations, des partis politiques, des États ou des corporations »

    Toute leçon élémentaire de sociologie nous démontre que les êtres humains s’organisent en groupes et sentent un attachement envers ceux-ci. Cette donnée fait littéralement parti de ce que nous pouvons considérer comme la nature humaine. Les enjeux qui découlent des rapports entre les intérêts des groupes forment ce que nous appelons « le politique ».

    « Nous ne voulons pas détruire le marché des marchandises, mais le marché du travail! »
    Les marchandises existent comme valeurs d’échange dans la sphère de circulation. Le profit résulte de la vente des produits du surtravail. Ces marchandises sont donc une spéculation en vu d’un profit espéré. Lorsque les marchandises ne trouvent pas de débouchés, nous nous retrouvons en situation de surproduction et, par extension, de crise économique (décroissance du capital). Le capitalisme possède plusieurs dynamiques, tactiques et stratégies afin de repousser les moments de crise.

    Le profit abstrait, sous forme monétaire, n’existe donc pas sous une forme qui lui est propre, saisissable et distribuable, en d’autre mots, en tant que valeur d’usage. Il est composé de valeurs d’usage qui ont été transformées en valeurs d’échange par les rapports au sein du procès de production. Les moyens de production supplémentaires ainsi que les biens de luxe ne sont pas des catégories qui entrent dans la définition du profit.

    Par définition, le capitalisme a donc tendance à surproduire. Cela est dû à la séparation du moment de production et du moment de consommation en deux entités indépendantes. Le capitalisme crée conséquemment, par ses rapports de force, un groupe exclusivement composé de producteurs (les bourgeois-e-s) et un groupe exclusivement composé de consommateurs (les travailleurs-euses). La lutte des classes vient perturber cette dichotomie.

    L’intérêt des prolétaires est de se réapproprier le procès de production, non pas pour générer des surplus inutiles, mais afin de vivre une vie plaisante caractérisée par la réponse à leurs besoins et leur autonomie (leur capacité de définir les normes ie. le politique).

    En ce sens, seule une production planifiée politiquement engendre la liberté et l’égalité. C’est dans l’agonisme, dont le compromis est un élément fondamental, que l’être humain se réalise. Par extension, le prestige individuel et de groupe est une qualité pour laquelle les êtres humains entrent en compétition.
    Conséquemment, il est impossible de « tout régler objectivement par une machine ». Par ailleurs, même dans ta fiction, tu ne pourras pas te débarrasser des formes institutionnelles du pouvoir puisque quelqu’un devra faire régner le décision objective de ta machine, ainsi que décider quels projets seront acceptés ou refusés. De plus, en postulant le surtravail, le profit lié au surtravail, le salaire, l’épargne, l’investissement et la propriété patronale (décisions privées de production), il est impossible de parler de volontarisme. Sous ces conditions, il se doit d’y avoir un moyen de coercition au travail ainsi qu’une forme d’injonction au profit. Je peux seulement conclure que tu parles d’un capitalisme à visage humain, ce que plusieurs appellent le socialisme. D’autre part, les revenus égaux ne prennent pas en compte les besoins réels des individus: quelqu’un avec plus de besoins (les sources sont multiples) reçoit donc une moins grande part du surplus social et se retrouve dans une situation de pouvoir inférieure. Pour me répéter, en liant ce trait au fait que le pouvoir économique équivaut au pouvoir politique et que les décisions « politiques » sont en fait des décisions économiques objectives, ce que tu proposes, c’est purement et simplement le marché.

    J’arrête d’écrire car la tête me bouillonne. Je n’ai pas envi de faire un essai. Par contre, je terminerai avec ceci: Tout le pouvoir aux soviets !
  9. @ nsrgnt : Là où nous sommes en accord, c’est lorsque vous prétendez que “les décisions politiques sont en fait des décisions économiques objectives”. C’est pourquoi nous abolirons le plus possible le politiques, en redistribuant le pouvoir économique directement aux individus. Vous savez, si vous passez par les mêmes chemins que par le passé, vous tomberez dans les mêmes pièges. Concernant votre dernière intervention, j’aurais quelques précisions à faire:

    Nous savons très bien que ”L’intérêt des prolétaires est de se réapproprier le procès de production”. Pourquoi donc pensez-vous que nous revendiquons que les travailleurs soient libres de travailler où, quand et comment bon leur semble (volontarisme)? Pourquoi pensez-vous que nous voulons répartir également le Capital social entre chaque individus? Pour qu’un travailleur qui veut réaliser un projet puisse le faire, sans risque et sans perte de revenu. Pour que les autres individus qui trouvent intéressant le projet de ce travailleur puissent démocratiquement investir dans celui-ci. Toutefois, ce travailleur innovant ne pourra pas s’approprier les bénéfices financiers de SON projet (profit), puisque (je penses que nous sommes en accord ici) le profit c’est le vol et qu’il sera interdit.

    Vous dites qu’“En ce sens, seule une production planifiée politiquement engendre la liberté et l’égalité”. Comment une organisation bien définie (organisé par une organisation supérieure aux individus) assure t’elle la liberté? Je penses qu’il y a un paradoxe ici : L’État, à toutes les époques de l’Histoire, n’a été que l’outils de la classe dominante pour se maintenir au pouvoir (vous vous rappelez votre marxisme 101?) et vous me dites que son organisation de l’économie nous assurerait liberté et égalité….on a vu ce que ça a donné lors du 20e siècle!

    Vous rajoutez que “quelqu’un devra faire régner le décision objective de ta machine”, mais cette machine, appelons-la ‘l’ordinateur social’, ne prendra AUCUNE décision, et se contentera d’AGIR pour faire régner l’égalité économique. Ce que je veux dire, c’est que cet ordinateur social sera relayé aux ordinateurs de toutes les banques et fera un compte rendu de tout le capital social accumulé dans les comptes de banques. Tel que je vous soulignais plus haut, cet ordinateur social aura la tâche (admettons une fois par mois), de redistribuer également entre chaque individus, TOUT le capital social accumulé pendant ce mois. Ainsi, il ne prend aucune décision, il ne fait qu’appliquer la simple formule : PIB \ Nombre d’habitants. Même un enfant pourrait programmer un tel ordinateur avec une formule aussi simple. Évidemment, pour qu’un tel système fonctionne, toute l’information doit être rendue publique et accessible par tous.

    Où avez-vous compris que notre ordinateur social devra “décider quels projets seront acceptés ou refusés”? Ce n’est pas à la machine sociale de faire cela, mais aux individus qui bénéficieront de ces projets! Je vous parlais précédemment du principe “d’investissement démocratique”, où j’avais proposé que 20% de capital social reçu par les individus soit investi dans des projets sociaux : construire un pont, réparer les routes, construire un hôpital, une école, la conquête spatiale, l’armement, la recherche contre le cancer, le reboisement, une entreprise ou organisation privé, etc… Je pourrais même investir (admettons) 25$ par mois pour chacun de ces projets! Chaque individu peut investir son investissement démocratique dans le projet qu’il veut, à condition que ce ne soit pas pour ses dépenses personnelles, évidemment. Ainsi, comme je prétendais plus haut, ce n’est PAS les partis politiques, les corporations ou toute autre forme d’instance qui prend les décisions, mais les citoyens eux-mêmes!
    Vous dites également qu’“en postulant le surtravail, le profit lié au surtravail, le salaire, l’épargne, l’investissement et la propriété patronale (décisions privées de production), il est impossible de parler de volontarisme”. Mais pourquoi donc? Personne n’est forcé de travailler, mais si quelqu’un aime suffisamment son travail, pourquoi ne pourrait-il par ‘surtravailler’? Puisque les travailleurs du futur recevront tous un revenu égal et que le surtravail est un travail rémunéré moindre que sa production, il y aura nécessairement du surtravail. Concernant le salaire, svp, cessez de faire comme si je voulais le préserver alors que nous voulons le remplacer par le revenu égal pour tous. Donc PAS de salariat! Concernant l’épargne, je n’ai RIEN contre ceux qui consomment moins que leur revenu; même que ces individus devraient être glorifiés socialement. Toutefois, si le capital social est socialisé, le capital engendré par leur épargne sera tôt ou tard redistribué aux autres, alors que l’investissement sera un droit donné également à tous les individus (revenu égal pour tous + investissement démocratique). Concernant l’aspect patronal, c’est essentiel pour que les innovants puissent être maître de leur projet. Mais peu importe, les travailleurs sont TOTALEMENT libres; donc si le patron veut avoir de la main-d’oeuvre, il devra convaincre les travailleurs que son projet est suffisamment intéressant et enrichissant. À tout moment, RIEN n’empêche un travailleur de quitter ce projet, sans perte de revenu, bien évidemment. Tout travailleur peut décider de devenir patron et débuter son propre projet si cela lui plaît. Comme je le prétendais plus haut, ils sont libres de s’unir en entreprise privé, en coopérative, en association, en fédération, PEU IMPORTE! Et si quelqu’un a besoins de financement, il devra solliciter l’investissement démocratique des autres individus qui forme sa société. Tous les aspect de notre système libéral-égalitariste sont conçus pour qu’à tout moment, ce soit les individus eux-mêmes qui soient aux commandes, non plus des organisations ou des regroupements…

    En terminant, vous dites que “sous ces conditions, il se doit d’y avoir un moyen de coercition au travail ainsi qu’une forme d’injonction au profit”. Vous n’avez pas tord! L’injonction au profit, c’est l’abolition du profit privé et la collectivisation du capital social. Le moyen de coercition au travail, c’est le principe de ‘travail civique’, présent dans tous les système volontaristes. C’est-à-dire que les tâches essentielles que personne ne veut faire (par exemple le travail dans les champs) seront mensuellement distribuées entre chaque individus par tirage au sort.

    Ce que nous proposons est très très loins du “capitalisme”, puisque l’accumulation du Capital est abolie! Même le système féodal s’apparentait d’avantage au capitalisme que ce que nous proposons. Il ne faut pas mélanger capitalisme et marché; car si le marché est essentiel au capitalisme, le capitalisme n’est pas essentiel au marché. Vous terminez en prétendant que “ce que tu proposes, c’est purement et simplement le marché”. EXACTEMENT! Le marché libre (libéralisme) à son état pure même, mais sans le système esclavagiste moderne que l’on appel le marché du travail. Maintenant le terme “libéral-égalitariste” prend tout son sens dans votre esprit, non? En fait, c’est le libéralisme où chaque individu sera réellement libre; contrairement au pseudo-libéralisme moderne qui exclu plus de 80% des terriens de cette liberté.

    Contrairement à vous, je terminerai ainsi : “Tout le pouvoir aux individus!” ;0)
    • Si vous proposez le libre-marché, que faites-vous donc sur ce blogue ? Parce qu’à vous lire, vous parlez comme les libertariens. Vous êtes décidément à la mauvaise place.
      • Je suis “ décidément à la mauvaise place.”? Je ne penses pas. Si vous parcourez mon blog, vous verrez que j’ai eu également de longs échanges avec les libertariens [et les anarchistes] (notamment sur le forum de l’institue Von Mises du Canada), qui refusent pourtant de constater les paradigmes modernes : bourgeoisie/prolétariat. Mais vous tombez dans le même piège si vous refusez de prendre en considération les STRATES sociales, qui elles, juxtaposent les classes sociales. C’est la raison pour laquelle la domination économique (de la formoisie dont était issue Staline) a perdurée en U.R.S.S., malgré l’abolition de la bourgeoisie. Décidément, ma place n’est pas plus auprès des libertariens, elle est auprès des néo-marxistes, c’est-à-dire des libéral-égalitaristes.
        Je sais que cela vous importe peu, mais je penses qu’il est important de précisé que j’ai eu un passé plutôt actif au sein du PCC-ML et du PCR-CO. Mais devant les échecs du passé, j’ai fait mes devoirs de remise en question, et vous?


      • Nous sommes, dans le collectif, des néomarxistes et nous nous identifions aucunement à votre théorie libérale. Vous faites plutôt allusion aux postmarxistes qui affirment la mort du marxisme et de son paradigme (qui ne se limite pas au dogme que vous traitez). Les « strates » dont vous parlez nient en totalité la hiérarchisation sociale verticale existante dans toute société organisée autour d’une propriété non-commune. Elles déclarent le monde d’aujourd’hui comme éternel, alors que toutes les classes sociales sont le résultat d’une totalité dialectique qui, au fil de l’histoire de l’humanité, a transformé l’ensemble des rapports sociaux. En un mot, vous faites du positivisme, et cette erreur épistémologique est sans frontière, hélas.


      • Demandez à un libertarien s’il souhaite collectiviser le capital social et instaurer le revenu égal pour tous, nous en reparlerons ensuite… :p


Je vous propose de poursuivre la lecture de nos échanges dans le billet "Comment les libéral-égalitaristes, contrairement aux 'communistes', surpasseront les antagonistes sociaux."

0 [ C O M M E N T A I R E S ]

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