mardi 16 novembre 2010

La monnaie fondante : Comment extirper le pouvoir aux financiers et démocratiser l’économie.



À ceux qui pensent que le système économique est non réformable, qu’il est le résultat de l’histoire, sachez que l’Histoire a déjà prouvé le contraire! Lorsque les banques centrales, des compagnies privées, décident en vase clos d’imprimer de l’argent, c’est une forme de manipulation financière, une réforme monétaire. Le 3 novembre dernier, la FED, banque centrale américaine, a justement imprimé l’équivalent de 600 milliards de nouvelle argent pour que les banques puissent faire d’avantage de prêts. Nos gouvernements et la société en général n’ont aucun pouvoir d’influence là dessus : la monnaie est un produit exclusif à une seule entreprise, en occurrence les banques centrales. Ce n’est pas parce qu’il est écrit Canada dessus qu’elle appartient au Canada...

Sachez par contre que la monnaie n’a pas toujours eu la forme qu’on lui apporte aujourd’hui. Lorsqu’elle fut représentée par l’Or, seul la découverte de nouveau gisements d’Or pouvait jouer le rôle de création monétaire. Il est évident qu’une telle découverte était totalement bénéfique pour les peuples qui firent la découverte du gisement, car cela assurait une nouvelle entrée de ‘capitaux’, force de création sociale. On pouvait ainsi utiliser cet Or pour la construction de travaux publiques, ou n’importe quoi d’autre.

Lorsqu’un prix fut fixé à l’Or à l’aide d’une monnaie (chèque papier certifié par les lois), la création monétaire devint fictive. Effectivement, il était maintenant possible d’imprimer autant de monnaie qu’il était nécessaire pour alimenter les banques en devise du Pays et même au delà. Après avoir expérimenté l’extrême pouvoir social fourni par la plaque à imprimer de l’argent, on découvrit vite qu’imprimer trop de monnaie entraînait également une hausse de prix des produits de consommation (d’où l’inflation). Pour stabiliser et sécuriser le système bancaire, on décida d’instaurer un ratio entre le nombre de monnaie déposé dans une banque par ses membres, et le montant d’argent que cette banque pouvait ensuite distribuer sous forme de prêts à ses clients.

En 1932, en plein dans la plus grande crise économique de l’Histoire, le maire de Wörgl (Autriche), sous l’impulsions de philosophes économiques, allait tenter une expérience monétaire révolutionnaire. La municipalité tentera de créer une monnaie fondante, dont il n’y aurait pas d’intérêt à l’emprunt, ni d’intérêt en le déposant dans un compte. Par contre, l’argent serait fondante, c’est à dire qu’elle aurait une durée de vie (disons de 12 mois), et que celle-ci perdrait 1% de sa valeur par mois. Une sorte d’impôt ou de taxe, proportionnelle à la richesse possédée. Au bout de 12 mois, la monnaie imprimée ne faudrait pratiquement rien, par contre, de nouvelles entrée monétaires auraient été faites d’ici là par la municipalité. Ainsi, tout citoyen aillant une telle monnaie a intérêt à faire circuler son argent, non pas l’engranger ou la déposer en banque, car elle perdrait ainsi de la valeur. Quel système monétaire efficace et puissant! Économiquement du moins, car nous avons des réserves quant aux répercussions environnementales d’une telle monnaie. Selon les événements de l’époque, l’expérience allait de soit.

Comme la plupart des villes industrialisées du monde à cette époque, Wörgl subissait de plein fouet la crise économique : chômage avoisinant les 55%, faillites commerciales et personnelles, perte d’espoir... Pourtant, le paysan avait besoins de pain, il possédait de la farine, mais n’arrivait pas à vendre sa farine pour s’acheter du pain. Tout comme lui, le boulanger avait besoins de farine, mais n’arrivait pas à vendre son pain pour se procurer d’autres produits. Le conseil municipal vota donc une motion pour imprimer le nécessaire en monnaie pour que le boulanger, le paysan et d'autres travailleurs nécessaires au fonctionnement de la société puissent travailler, consommer et ainsi faire travailler les autres.

C’est le 5 juillet 1932 que le conseil municipal, sous l’impulsion des citoyens de Wörgl, décida de créer la nouvelle monnaie fondante. Ils pouvaient maintenant imprimer à leur guise, démocratiquement, via les assemblées municipales, autant de monnaie qu’ils voulaient. Ils savaient pertinemment bien par contre qu’il y avait une limite, car trop de création monétaire entraînerait l’inflation et la perte de valeur de leur nouvelle monnaie. L’expérience dura 1 ans et demi seulement. Non pas parce que les répercussions n’étaient pas concluantes : baisse de plus de 25% du chômage alors que le chômage augmentait de 20% dans le reste de l’Autriche. La banque centrale interdit l’impression de cette monnaie en 1933, elle aurait craint pour son monopole d’émission de monnaie. Quel gâchis finalement. On y aura au moins apprit que l’économie est relative, malléable et non pas une doctrine ou un outil qui va de sois, immuable. Il est possible de penser et d’organiser logiquement notre outil social qu’est la monnaie.

Peu importe ce que vous achèterai, votre achat perdra de la valeur avec le temps, surtout si vous ne l’entretenez pas : ordinateur, voiture, chaussure, maison, immeuble, etc. Pourquoi donc la monnaie actuelle gagne de la valeur lorsqu’on la dépose dans un compte de banque? Cela encourage l’épargne et la monopolisation du capital. De quel droite certaines personnes réussissent à ne vivre que le l’épargne et de l’intérêt qu’il procure? Bien entendu, cela peut-être le rêve de tous, mais économiquement, cela n’est pas souhaitable, ni constructif pour la société. Cela n’est permis qu’à cause des lois économiques et monétaires présentement en place. Lois qui, nous le répéterons jamais assez, sont historique, passagère et relatives. Les lois actuelles ont donné la légitimité à la banque centrale américaine d’imprimer l’équivalent de 2500 milliards de dollars depuis la crise économique de 2008 et de ‘donner’ cette argent aux banques qui avaient elles-mêmes encouragé la crise économique avec le scandale des ‘sub-primes’. Les États-Unis ne sont pas les seuls à blâmer. Les banques centrales d'Europe et du Canada ont fait la même chose. Il n’y a aucune raison que la monnaie soit propriété exclusive d’une entreprise privée comme les banques centrales. Certes, il ne serait pas souhaitable que toutes les municipalités aient leur propre monnaient et l’impriment de façon anarchique, selon les désirs du maire en place, mais l’idée de rendre la création monétaire démocratique et de pouvoir débattre de l’économie avec l’impression d’avoir un réel pouvoir en fera rêver plus d’un, nous l’espérons du moins.




1 [ C O M M E N T A I R E S ]

:

Antoine a dit…

La monnaie fondante se nomme également monnaie timbrée. En fait, c'est l'achat hebdomadaire du timbre qui créa la dévaluation d'environ 1%.

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