vendredi 11 février 2011

Égypte : Moubarak et sa famille ont quittés Le Caire - Il faut transformer la révolte en révolution.



Après avoir délégué ses pouvoirs à son vice-président, nous apprenions aujourd'hui que Hosni Moubarak et sa famille avaient prit la fuite en hélicoptère vers les installations du Red Sea Resort à Sharm El Sheikh. Il faut souligner que la contestation de la rue n'a pas diminuée et s’est même amplifiée suite aux manoeuvres d'intimidations promulguées par Moubarak, lors de son discours public du 10 février 2010. Suite à cet entretient publique, qui confirmait que Moubarak s'accrochait au pouvoir, des manifestants ont prit le contrôle de bâtiments publics, à Suez, plus de 3000 manifestants ont entourés le palais présidentiel et des témoins ont même affirmés avoir aperçu au moins "trois soldats abandonner leurs armes et uniformes pour se joindre aux manifestants au Caire". Cela est probablement dû à la persévérance et au courage des foules égyptiennes qui scandent depuis des jours, face aux militaires, des slogans comme "Armée, il faut faire un choix, le régime ou le peuple!". Ainsi, solidaires de nos frères révolutionnaires, nous réitérons notre appel aux militaires patriotes de Tunisie et d’Égypte : Il FAUT briser l’armée en deux, rejoignez vos compatriotes révolutionnaires!


Pour assurer le maintien du pouvoir populaire, il est indispensable de continuer l’organisation des forces citoyennes. Les comités d’autodéfenses de quartiers, formées par des citoyens armés de bâtons de golf et autres objets divers pour protéger les quartiers, est le début de l’édification du pouvoir populaire. Toutefois, si elles veulent se maintenir, ces organisations doivent se munir d’une théorie politique et économique, mais également organisationnelle solide. En cela, nous avons déjà proposé, dans un texte précédent intitulé "Comment renverser le pouvoir des corporations, des multinationales et des gouvernements corrompus?", la formation de comités d’actions de délégués révocables, inspiré par les révolutions précédentes de l’Histoire. Ainsi, en regroupant le plus de citoyens possibles en groupes de 25, ont fait élire pour chaque groupe, un délégué RÉVOCABLE à tout moment. Ensuite, lorsque 25 délégués se rencontreront, ils pourront élire à leur  tour un ‘super-délégué’, et ainsi de suite. De cette façon, si les 85 millions d’Égyptiens se regroupaient démocratiquement en groupes de 25 individus, ils pourraient former un gouvernement populaire, démocratique et représentatif de TOUS les Égyptiens en seulement 5 paliers de gouvernance. Un tel système est mille fois plus démocratique et représentatif que n’importe quel système parlementaire, aussi proportionnel soit-il. Par exemple, il permet à n’importe quel Égyptien de soumettre un projet social et d’en débattre en toute liberté dans son groupe de 25 individus. Si sa proposition est suffisamment intéressante, elle pourra facilement gravir les 4 autres paliers politiques. Puisque chaque délégué est à tout moment révocable, même s'il n'y a plus d'élections générales au sens propre, l'appareil politique reste entièrement sous l'emprise des citoyens, qui sont libres de révoquer leurs délégués à tout moment.



7 [ C O M M E N T A I R E S ]

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GetZQ a dit…

Les Israëliens sionistes doivent trembler de peur face aux révoltes populaires. Ils savent très bien que l'instauration de "démocratie musulmanes" pourraient leur être encore moins favorables que les anciennes dictatures pro-occidentales.

Yanick Toutain a dit…

J'abonde tellement à cet article.... que je l'ai phagocyté sur Révolisation Actu...
vendredi 11 février 2011
Vendredi 11 février, Deuxième victoire pour la Grande Révolution Africaine, Moubarak a démissionné ! Au suivant ! Demain tous contre Bouteflika !
Juste un désaccord...historique.
Le processus qui s'est déroulé pendant 18 jours est BEL ET BIEN une révolution.... (et non une révolte)
De la même façon que Février 1917 était une révolution sociale qui a fait chuter le pouvoir politique de la classe féodale et ouvert une période de REVOLISATION (période d'instabilité dans laquelle aucune classe ne possède plus de pouvoir politique stable) ... de la même façon, cette révolution égyptienne du 11 février 2011 est une REVOLUTION ANTI-ESCLAVOISE.
Elle a fait chuter le pouvoir politique de cette classe vautour qui vit en marge de la classe capitaliste "officielle".
Cette esclavoisie (que j'ai conceptualisé sous le nom de "colonoisie" il y a deux ans dans la 2° partie non publiée du texte théorique
samedi 28 novembre 2009
RÉVOLISATION ET LUTTE DES STRATES. PREMIERE PARTIE : Un bilan conceptuel et historique

GetZQ a dit…

@YanickToutain : Qu'est-ce qui distingue un soulèvement d'une révolution? La différence primordiale, c'est que l'emprise du pouvoir économiques se transforme lors d'une révolution. À ma connaissance, il n'y a pas encore eu de recalibrage économique en Égypte. D'où le souhait qu"il faut transformer la révolte en révolution".

Yanick Toutain a dit…

Révolte ou révolution. Un débat avec André Franc-Shi. De la même façon que Février 17 fut une authentique révolution anti-féodale, après la révolution anti-esclavoise (en Tunisie comme en Egypte) , ce sont 3 autres révolutions qui se préparent.
Il est dommage et heureux que nous n'ayons pas le temps complet nécessaire à ce débat... à peine le socialo-fasciste Moubarak tombe-t-il que ce matin les Algériens sont en masse sur la place du 1° mai d'Alger malgré l'interdiction de ce rassemblement par Bouteflika.
Heureux car la chanson "L"empire s'écroule" faisait le pronostic de l'effondrement prochain du pouvoir de Bouteflika.... sans parler du tout de Moubarak !
Comme quoi les pronostics fins auront besoin que nous recrutions des milliers de collaborateurs pour tous les pays...
Sur le fond du débat, je vous renvoie à Février 1917.
Ceux qui ont FAIT la révolution n'ont, en aucune façon GAGNE le pouvoir.
Aucune de leurs revendications principales (à part virer le tsar) n'ont été satisfaites.
LA PAIX ?
La guerre a continué. Les ambassadeurs de Grande-Bretagne et de France (lire l' "excellent" Paléologue) ont continué à DONNER LEURS ORDRES sur la conduite de la guerre,
LE PAIN ?
Les paysans ont encore moins vu leur statut changer que les paysans français du 4 août n'ont vu le leur.....
C'est la raison pour laquelle l'aile gauche du parti SR (social-révolutionnaire) a gonflé, gonflé tout en radicalisant sa ligne politique. Les paysans pauvres n'avaient RIEN gagné de la chute du Tsar.
Les ouvriers d'usine continuaient à subir les capitalistes (autochtones compradores et étrangers)....
LA LIBERTE ?
Après la révolution, c'est le prince Lvov qui prend la tête du gouvernement et c'est Milioukov, le dirigeant pro-capitaliste du parti KD (constitutionnel démocrate) qui devient le vrai dirigeant de ce gouvernement.
Sa biographie d'agent du capitalisme mondial est plus qu'éclairante. Sa tajectoire est celle de la bourgeoisie elle-même : plutôt le fascisme et le retour du tsarisme plutôt que le pouvoir du peuple !!!
(...)
C'est donc le pouvoir de la bourgeoisie qui s'instaure sous l'autorité du prince Lvov.
Un pouvoir face au pouvoir du peuple.
L'article de Wikipédia vous donne un excellent résumé de la façon dont le double pouvoir s'est instauré en Russie.
La formation d'un double pouvoir
(...)
Ce qui est frappant ici, c'est le fait de constater l'ampleur du sabotage de la formoisie mondiale. Non seulement la clique des gangsters politiques du NPA est parvenue à empêcher systématiquement - depuis 1995 - la construction de toutes formes de coordinations politiques de type soviétique, mais encore à peser sur les pays en semi-esclavage et en esclavage : le crétinisme politique formois des pseudo-altermondialistes d'Afrique est à la mesure de l'arrivisme de la classe qu'ils représentent !
Aucun pays sous la botte esclavoise ne dispose de forces politiques préconisant la délégation générale révocable. Seule une partie de l'Algérie - par les "ARCHS" - a quelques traditions de délégués révocables et de comités populaires.

Yanick Toutain a dit…

(..)
Mais la corruption de leurs dirigeants en a largement amoindri l'impact politique.
On se retrouve dans une situation dans laquelle l'élévation des niveaux de formation est allé de pair avec la corruption d'une partie des salariés et d'un ignorance semi-volontaire des traditions populaires. Avec, en Tunisie, par exemple, une formoisie compradore (revenus > 600 euros), une proto-formoisie compradore 250 euros< 600 euros, et une proto-formoisie de chômeurs dont une partie rêve de valoriser sur le marché leur "capital humain", on dispose d'un potentiel capital culturel qui est - dans le même temps - le potentiel auto-destructif d'une classe sociale atteinte de pathologie consumériste.
Le résultat en est l'absence de structures politiques comparables à celles de la Russie de 1917. Le paradoxe apparent est donc le fait que l'augmentation du savoir a réduit la structuration politique des classes concurrentes de la classe esclavoise.
Mais dans la réalité, nous sommes lucides du fait que TOUTES les classes spoliatrices CRAIGNENT la révocabilité des délégués....
C'est, en effet, ce qui a permis l'affirmation, de février à octobre (mars à novembre) de la volonté des plus pauvres des Russes.

Parallèlement à la constitution de ce soviet, se met en place un autre organe de pouvoir. Un groupe de députés de la Douma forme, le même jour, un Comité provisoire pour « le rétablissement de l'ordre gouvernemental et public »[7].

Ça, par contre, la structuration d'un pouvoir politique lié à l'impérialisme mondial, ce processus, il est bien avancé. Il est même capable d'embaucher des Slim Amamou, il est capable de muter à mesure de la colère des couches et classes spoliatées.
Quand la formoisie fait du sabotage et vient quémander à cette structure de lui accorder ses privilèges, la contre-révolution et le thermidorisme savent s'organiser.
Précisons tout de suite : En mars 1917, il y a trois forces qui pèsent.
Bourgeoisie, formoisie et formariat.
Stabilisation en faveur de la bourgeoisie : on appelle cela la "thermidoration". Cela consiste à éjecter l'ancienne classe du pouvoir et de ses privilèges économiques.
La thermidoration est la fin du processus de révolisation.
Après 1917, la bourgeoisie n'est pas parvenue à ce processus de thermidoration.
En effet, malgré l'aide de la formoisie, il n'a pas été possible de casser le mouvement populaire. Le formariat a continué à pousser. Poussée populaire en Février, poussée populaire en Juillet, poussée populaire à partir de la fin aout jusqu'en Octobre 17.

Yanick Toutain a dit…

Pour contrôler la situation, après la chute de Nicolas 2, les forces spoliatrices principales ont donc tenté - comme on l'a vu en Tunisie, comme on le voit aujourd'hui en Egypte - de maitriser la situation.

Pour ce comité, la priorité est au retour à l'ordre, et d'abord, au retour des soldats mutinés dans leurs baraquements.


Les exploiteurs savent que les forces armées sont leur garantie principale.

Entre ce comité et le soviet de Petrograd, de longues négociations aboutissent, le 2 mars 1917, à un compromis. Le soviet reconnaît, en attendant la convocation d'une Assemblée constituante, la légitimité d'un gouvernement provisoire à tendance libérale, composé majoritairement de représentants du Parti constitutionnel démocratique (et ne comptant aucun socialiste dans ses rangs). Cependant, le gouvernement provisoire de Russie est sommé d'appliquer un vaste programme de réformes démocratiques, fondé sur l'octroi des libertés fondamentales, le suffrage universel, l'abolition de toute forme de discrimination, la suppression de la police, la reconnaissance des droits du soldat-citoyen et une amnistie immédiate de tous les prisonniers politiques.

On voit bien ici qu'un pouvoir largement composé de forces réactionnaires prend des mesures d'apaisement. De façon totalement hypocrite. Ils savent que le choix est pour eux de prendre ces mesures eux-mêmes ou de DEGAGER pour que d'autres le fassent.

Le compromis du 2 mars 1917 marque la naissance d'un double pouvoir, où s'opposent deux conceptions différentes de l'avenir de la société russe. D'un côté, le gouvernement provisoire est soucieux de faire de la Russie une grande puissance libérale et capitaliste et d'orienter la vie politique russe sur la voie du parlementarisme. De l'autre, les soviets tentent d'instaurer une autre façon de faire de la politique, en représentant de manière plus directe les « masses ».
Jusqu'à ce compromis, l'incertitude régnait sur l'attitude qu'allaient adopter Nicolas II et les chefs militaires. Finalement, à la surprise générale, l'État-major fait pression sur le Tsar pour que celui-ci abdique « afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie ». Le général Alexéïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en soutenant que l'abdication serait le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne[8]. Le 2 mars, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Mikhaïl Alexandrovich Romanov. Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain.

Ces manoeuvres sont exactement les mêmes que celles qui eurent lieu en Tunisie le 14 janvier et le 11 février en Egypte.

En cinq jours, comme le résume l'historien Martin Malia, « sans avoir pu offrir la moindre résistance, l'Ancien Régime russe s'écroule comme un château de cartes »[9].

C'est de fait la fin du tsarisme, et les premières élections au soviet des ouvriers de Petrograd. Le premier épisode de la révolution a fait des centaines de victimes, en majorité parmi les manifestants. Mais la chute rapide et inattendue du régime, à un coût plutôt limité, suscite dans le pays une vague d'enthousiasme et de libéralisation, qui témoigne de la désaffection du peuple vis-à-vis du tsarisme.

Mais les concessions prises par les "ministres capitalistes" se verront elles-mêmes rognées dès le peuple baissera sa pression :

Annonce publique de la formation du premier gouvernement provisoire.
(...)
Le gouvernement provisoire souhaite ajouter qu'il n'a aucunement l'intention de profiter de la situation militaire pour retarder de quelque manière que ce soit l'accomplissement des réformes et mesures exposées ci-dessus.
Il y avait en tout seize ministres dans le gouvernement provisoire.

Yanick Toutain a dit…

A cette époque un "André Franc-Shi", votre jumeau 1917, aurait pu tout autant prétendre que l'absence de mesures économiques fondamentales exigerait de retirer le titre de "Révolution" au processus de Février.
Mais c'était bel et bien l'effondrement du pouvoir de la classe féodale qui se parachevait. Un processus qu'avait tenté le réformiste Piotr Stolypine.

Si les émeutes de Lyon, en 1831 n'eurent strictement aucunes conséquences, si les émeutes de 2005 en France ne produisirent aucunes conséquences politiques, ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte, ce sont bel et bien deux révolutions.
Elles ont comme caractéristiques d'être inachevées.... Elle ne sont que des révolutions anti-esclavoises. Et devront donc être complétées par une révolution banti-bourgeoise, une révolution anti-formoise, une révolution anti-innovoise.
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NOTES
On trouve encore chez les bouquinistes le journal du cynique (et à moitié raciste) ambassadeur de France Maurice Paléologue.... Cet imbécile est à peu près honnête sur la façon dont il traitait en pantin la hiérarchie tsariste.
Ses manières, ses compromissions avec les tsaristes et son racisme anti-slave amenèrent la bourgeoisie française à le remplacer après juin 1917.
Son livre est une mine. Il faudrait rédiger une édition comparée où les évènements qu'il décrit seraient édités en page de gauche avec en regard, les mêmes faits racontés par Léon Trotsky.

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